Perspectives de développement

Êtes-vous nombreux à faire ce métier ?

Stéphane : En France, nous étions 10000 il y a 20 ans, et nous sommes environ 9 à 10 fois moins aujourd'hui. Pour autant, le métier d'imprimeur, ou plutôt la reproduction des documents ou des médias n'est pas morte, loin de là : dans un supermarché, par exemple, tout est imprimé, du sol au plafond. Même le carrelage est imprimé aujourd'hui. Les stickers remplacent petit à petit les peintures.

Ce qui disparaît petit à petit, c'est l'impression de type communication de masse : flyers, posters, affiches, catalogues, brochures, dépliants, tout cela tend à disparaître. Le livre est un bastion qui en revanche se porte très bien. À mon sens, le roman et la bande dessinée mettent à mal une technologie qu'on pensait révolutionnaire : la liseuse. L'imprimerie réside aussi dans ce rapport charnel entre le lecteur et l'objet livre, qui a son odeur, son toucher et son bruit bien spécifiques.

Et pour le reste, je suis convaincu que cela ne disparaîtra jamais vraiment, mais tendra à devenir un bel objet, précieux, un peu comme dans le domaine du luxe.

L'imprimerie "traditionnelle" est-elle encore moderne ?

Stéphane : Si l'on considère Internet dans cette équation, tout ce qui concerne la communication n'est plus d'actualité pour l'imprimerie. Et encore... on dirait que la publicité tous azimuts sur Internet a elle aussi ses limites. Les choses vont très vite, mais je pense que l'imprimerie traditionnelle aura toujours sa place, même avec la dématérialisation qu'on nous promet : nous sommes des animaux de sens, nous avons besoin de toucher, de humer. L'imprimerie a un avenir. Je ne suis pas sûr duquel, mais l'imprimerie est encore "sensationnelle", elle crée des objets humains qu'on peut partager, bien mieux que sur le Web. Les gosses s'échangent toujours des Pokémons en cartes, et pas des images jpg.

Le stickers a-t-il de l'avenir ?

Stéphane : Sans aucun doute : c'est un produit qui a trouvé sa place depuis longtemps dans nos quotidiens, et dont le côté pratique n'est pas près d'être remplacé par quelque autre procédé que ce soit. Les stickers sont un produit de communication qui peut durer parfois jusqu'à 10 ans, contrairement à un dépliant, une brochure ou un flyer. D'ailleurs, nos fournisseurs ne voient aucune décroissance de l'achat de leurs papiers pour ce type d'utilisation. Et s'il reste des progrès à faire face à l'impact de ces produits sur l'environnement, de nouvelles encres, de nouveaux papiers, et de nouveaux procédés émergent progressivement et sont très prometteurs.

L'artisanat a-t-il encore sa place dans la course aux prix bas et à la rapidité de production/livraison ?

Manuella : Pour l'impression des stickers, oui, car c'est un produit qui ne fait pas l'objet d'une fabrication aussi massive que d'autres. Ce n'est pas vraiment un marché, ou alors tout au plus une "niche". De fait, les stickers personnalisés ne sont pas vraiment susceptibles d'intéresser de très gros industriels, du moins pas pour une fabrication spécialisée. C'est la raison pour laquelle nous sommes les mieux placés en termes de prix par rapport à nos confrères industriels.

La toute-puissance de la vente sur Internet n'a-t-elle pas un peu tué la relation humaine entre un vendeur et son client ?

Stéphane : Tout d'abord, il me paraît abusif de parler de "toute-puissance", même si elle a une place évidemment prépondérante désormais. Il y a quelques années, j'avais le sentiment que les gens se moquaient bien d'avoir un interlocuteur physique en face d'eux dès lors qu'il s'agissait d'acheter des biens sans grande valeur (monétaire ou symbolique). Mais il me semble que c'est du passé : aujourd'hui, les gens (et moi le premier) aiment savoir qu'il y a bien quelqu'un derrière tout ça, en chair et en os. Et lorsqu'ils appellent, ils apprécient toujours d'avoir affaire aux personnes directement concernés, et non à des plateformes d'appel situées à l'autre bout du monde qui n'ont aucun lien avec les produits transformés.

C'est sans doute un peu naïf, mais je crois beaucoup à la relation humaine, dans le commerce comme partout ailleurs. C'est un argument tellement rabâché par tout le monde qu'il en a été vidé de son sens, et je le regrette : chez Stickers-Discount, il y a des gens au bout du fil, et ce sont ceux qui sont directement concernés par le sujet.

Existera-t-il des stickers d'un nouveau genre, pour des utilisations encore inattendues ?

Stéphane : Je suppose que oui : on peut imaginer des stickers photovoltaïques générant de l'énergie ou émettant une source de lumière, ou pourquoi pas des stickers comestibles, ou à tout le moins compatibles avec l'ingestion. Les supports, les encres et colles ont également une marge de progression sur leur qualité et leur biodégradabilité.

Avez-vous déjà eu à faire à des utilisations de stickers inattendues ? Ou des images étonnantes ?

Stéphane : Eh oui... des images pornographiques bien sûr. Nous avons également vu passer des créations artistiques vraiment époustouflantes, ou encore des artistes qui nous commandaient des stickers vides, avec lesquels ils produisaient des fresques originales.

Nous avons parfois fabriqué des stickers à destination de disques vinyles. J'attends toujours que la NASA nous passe une commande pour emmener des stickers sur Mars, mais cela tarde à arriver malheureusement !

Propos recueillis et mis en forme par Camille Leclerc
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